lundi 9 novembre 2009

Minutes of Symposium n°9 - Les vins de la perestroïka

C’est au pied du mur, qu’on voit l’mieux l’ mur.
Tant d’années d’un régime totalitaire annihilées par quelques gaillards en sandales chaussettes épris de liberté. C’est pour se souvenir d’un système idyllique disparu trop tôt qu’il nous est proposé de se réunir pour se remémorer toute une Epoque.

Pour quelle raison avons-nous dû attendre 10 mois pour relancer le processus gestatoire qui nous réunit autour de verres pleins et de petits plats plutôt pilepoil au palais ?
Est-ce la crise qui frappe notre foie toutes les années en 9 ? Surement pas !
Est-ce HADOPI ? Non, les bouteilles ne passent pas dans un câble USB.
Est-ce HADOPI 2 ? Non, les bouteilles ne passent pas non plus dans un câble USB2.
Est-ce enfin la violente dispute entre Manu et le reste du Monde libre à propos de la recette de la frangipane au pesto ? Non, tout le monde sait que Manu est libre et donc il met ce qu’il veut dans sa galette ; des épinards et du merlot même s’il le souhaite.
Non. La seule raison valable est que 2009 est le 20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, de la chute de la dictature des Ceausescu, de la chute de Lendl face à Chang, mais encore et surtout de la chute de Fignon face à Lemond pour 8s d’injection supplémentaire de sang de crapaud buffle.
Pour célébrer ces évènements dignement, il nous fallait des bouteilles d’époque, des costumes d’époque, et malheureusement aussi un foie d’époque. Le temps que Manu retrouve les dives quilles sous la poussière qui n’avait pas manqué de s’accumuler durant ces décennies, et nous voilà repartis à l’aventure gustative dédiée au plaisir des sens et à la relaxation abdominale.
Comme nous sommes tous Bourguignons d’origine, hormis Monfredo (Provence orientale) et Chris (Provence méridionale extrême), nous avons entamé notre valse par un vin de Loire. Un Menetou 2007 pour être précis, qui malgré son exceptionnel fruité et pointe de bouchon se révéla un peu court. Ce qui valut à Monfredo cette première Monfredote™ « Je suis plus bas que Cyp, mais c’est pas grave »
Ce gouleyant breuvage fut accompagné de cette charcuterie Bourguignonne de la Loire du Sud qu’on appelle Coppa et Speck. Quelques micro-dés de chèvre du Poitou et nano-tomates provençales ont agrémenté les tranches de porc.
Que du locaux donc pour lancer les débats. Et débat il y a eu lorsqu’il a fallu se souvenir où Cyp, Manu et moi-même avions dégusté les grenouilles dans la Dombes. Ne parvenant pas à nous mettre d’accord, c’est Monfredo une fois de plus qui pris les choses en main : « En Indonésie, les chasseurs chassent les grenouilles dans les rizeraies » !!
L’hallali était sonné, nous allions pouvoir enchaîner sur le Mercurey blanc 1988. « Plein d’arômes, mais court » relancera Chris en espérant déclencher l’holocauste provençal. Etonnamment c’est Cyp qui s’exclama : « Y a pu d’beurre ! » (dans le vin sous-entendu, ndlr). Je lui ai trouvé des saveurs d’abricot sec et d’huile de noix ; c’est moins drôle et poétique mais je ne suis pas né dans une olivière moi. D’ailleurs Monfredo de préciser : « si j’étais junkie j’vous amuserais moins ! ».
Etape suivante, on reste dans le coin de Mercurey, avec un Saint-Véran de 1987, blanc lui aussi (d’un autre côté c’est le thème de la soirée). Après un premier nez de ratafia et des arômes de caramel au beurre salé et de café, on finit par lui trouver une senteur d’aisselles et un goût de Guiness. Cyp dira même que « ça a un goût d’vomi d’Guiness », ce qui en dit long sur son expérience Dublinoise.
Dernière étape avant la fin des hostilités (avant-dernière étape donc), on remonte au Nord avec un Meursault de 1986 aux airs d’hydromel (un chouchen bourguignon ?), de sous-bois, voire de champignons. La bouteille a trépassé, victime de l’oubli au fond d’une cave dans l’indifférence de ses voisins même pas alertés par la couleur orangée du liquide vital en décomposition. Drame urbain ou simple épisode d’une société sans repères où les bouchons sont en plastique et les verres en carton imprimés aux couleurs d’un clown atlantiste ? C’est l’incompréhension globale : « Celle là tu pourras pas la noter, y a que moi qui la comprendre. » (M.)
Evidemment nous avons accompagné ces vins de fromages de chez Porcheret, maison Dijonnaise de qualité, qui nous a fourni Epoisses au lait cru, Valancay, Pierre-qui-Vire, Gruyère de Fribourg (fromage Suisse de précision), et Brillat-Savarin. Pour ma part une mention spéciale au gruyère et à l’Epoisses !
Nous avons pris l’habitude depuis ce soir là de garder le meilleur pour la fin, et le meilleur ce fut un Porto Niepoort de 1986. Magnifiquement noté par l’ensemble des participants, il assista superbement les sublimes verrines chocolatées de Monsieur Rolancy. Et oui que des superlatifs qui se traduisirent par d’immenses éclats de joie comme l’atteste cette énième Monfredote™ : « J’me fais auto-rire. »
Tout était dit. Le mur pouvait se redresser, les roumains réinvestir le trône de Bucarest, Lendl donner un grand coup de raquette au p’tit chinois qui sert à la cuillère et Fignon pédaler un peu plus vite que Drucker au Bois de Boulogne, nous nous étions réunis et par là même nous avions remis à la forge notre confrérie des bons mets et des bons mots.
Il nous reste à écrire de nouvelles pages, et pour cela trouver un nouveau thème.
- Décembre, le vin du père Noel ? (vins de glace)
- 2010, l’année du premier contact ? (notre premier souvenir de vin)
A vous de voir…

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